Abécédaire Imaginaire de l’Intelligence Artificielle – Relation homme-machine
Cruchiabot !
/kʁy.ʃja.bɔt/
interj. Expression d’exaspération amusée face à une intelligence artificielle qui fait preuve d’une bêtise aussi monumentale qu’inattendue, malgré sa sophistication technologique.
« Quelle cruche, cette IA, alors ! » Combien de fois avez-vous marmonné cette phrase devant votre écran, constatant l’abîme entre les promesses de l’intelligence artificielle et la réalité de ses réponses parfois consternantes ? Eh bien la bonne nouvelle est que l’interjection parfait pour exprimer cette exaspération existe désormais dans notre vocabulaire.

« Trois fois que je reformule ma question et toujours pas de réponse cohérente… Cruchiabot ! »
« J’ai dit ‘envoie ce mail à Jean’ et il l’a envoyé à tous mes contacts nommés Jean… Cruchiabot ! »
« Il vient de me sortir que Paris est la capitale de l’Italie. Espèce de Cruchiabot ! »
Fusion savoureuse de « cruche » (personne stupide) et « robot » avec « IA » subtilement intégrée au milieu, cette interjection capture parfaitement ce moment de stupéfaction irritée où l’on réalise que notre assistant high-tech vient de commettre une bévue digne d’une cruche de première catégorie. Et précisons-le d’emblée, contrairement à ce que certains pourraient penser, ce terme n’a rien à voir avec les graines de chia, bien que ces dernières puissent également vous laisser perplexe lorsqu’elles transforment mystérieusement votre smoothie en étrange gelée visqueuse… tout comme une IA peut transformer votre requête simple en réponse incompréhensible.
Ce qui rend « Cruchiabot » particulièrement savoureux, c’est le contraste qu’il souligne entre la sophistication supposée de ces technologies et la bêtise parfois spectaculaire de leurs erreurs. Là où une erreur humaine serait compréhensible, l’erreur de l’IA nous semble d’autant plus absurde qu’elle émane d’un système capable par ailleurs de prouesses impressionnantes. C’est cette dissonance cognitive – comment peut-on être si intelligent et si bête à la fois ? – que « Cruchiabot » exprime à merveille.
L’interjection fonctionne d’autant mieux qu’elle anthropomorphise l’IA tout en la rabaissant, dans un geste linguistique qui nous permet de reprendre symboliquement le contrôle sur une technologie qui nous échappe. Elle transforme notre frustration en moment humoristique partageable, créant une complicité immédiate entre tous ceux qui ont vécu cette expérience universelle de l’ère numérique.
Psychologiquement, « Cruchiabot » répond à plusieurs besoins fondamentaux : il nous offre une catharsis émotionnelle face à la frustration, réaffirme notre supériorité sur la machine dans un moment où celle-ci nous fait défaut, et transforme une expérience négative en interaction sociale positive lorsque nous partageons l’anecdote. Contrairement à des expressions plus agressives, « Cruchiabot » conserve une dimension affectueuse, comme on traiterait un ami maladroit de « grand nigaud », préservant ainsi notre relation ambivalente avec ces technologies dont nous sommes à la fois dépendants et exaspérés.
Nul doute que la généralisation à venir de l’IA dans notre quotidien nous mènera à inventer d’autres formules tout aussi pertinentes pour exprimer notre exaspération face à ces intelligences artificielles parfois si peu intelligentes. Si vous en créez ou en entendez une particulièrement savoureuse, nous vous invitons à la partager avec l’auteur – à condition, bien sûr, que votre message ne soit pas transmis par une IA, qui risquerait de transformer votre brillante suggestion en recette de tarte aux pommes.
Vous êtes-vous déjà surpris à insulter affectueusement votre assistant virtuel, comme si cette cruche digitale pouvait comprendre à quel point elle vient de dire une bêtise ? Et si cette tendance révélait notre besoin profondément humain de traiter ces machines comme des êtres sociaux, même quand elles nous déçoivent ?
Retour au Sommaire de l’Abécédaire


Laisser un commentaire