Abécédaire Imaginaire de l’Intelligence Artificielle – Relation homme-machine
Faciargie
/fa.sjaʁ.ʒi/
n.f. État paradoxal où l’on éprouve à la fois le plaisir de la facilité offerte par l’IA et l’inquiétude de voir ses propres capacités s’atrophier par manque d’exercice.
Vous vous surprenez à demander à ChatGPT de rédiger un email que vous auriez pu écrire vous-même en quelques minutes ? Vous préférez générer une image plutôt que d’apprendre à dessiner ? Vous souffrez probablement de faciargie, cette nouvelle condition de notre ère numérique.

« La faciargie touche particulièrement les professionnels de la création, qui se retrouvent à déléguer à l’IA des tâches qu’ils prenaient autrefois plaisir à accomplir eux-mêmes. »
« Pour lutter contre la faciargie, certains utilisateurs s’imposent des journées ‘sans IA’ où ils redécouvrent leurs compétences naturelles. »
« La faciargie est ce paradoxe moderne où nous gagnons du temps grâce à l’IA, mais finissons par le perdre en consommation passive de contenus. »
Fusion révélatrice de « facilité« , « IA » (placée stratégiquement au centre du mot) et « léthargie« , ce terme décrit cette douce torpeur intellectuelle qui s’installe lorsque nous déléguons de plus en plus de tâches cognitives à l’intelligence artificielle. Contrairement à une simple paresse, la faciargie comporte une dimension réflexive : nous sommes conscients de cette dépendance croissante, nous ressentons parfois une pointe d’inquiétude, mais le confort immédiat l’emporte généralement sur ces préoccupations à long terme.
La faciargie se distingue d’autres formes de dépendance technologique par son caractère insidieux et son ambivalence fondamentale. Nous ne sommes pas simplement accros à l’IA comme on peut l’être à un réseau social – nous entretenons avec elle une relation plus complexe, mêlant gratitude pour le temps gagné, plaisir de la facilité, et vague culpabilité de voir certaines de nos compétences s’éroder progressivement.
Ce phénomène soulève des questions profondes sur notre relation à l’effort, à l’apprentissage et à la maîtrise. Si l’automatisation des tâches répétitives peut libérer notre créativité, la faciargie nous rappelle que certaines formes d’effort sont constitutives de notre développement personnel et intellectuel. L’équilibre entre assistance bénéfique et délégation excessive devient ainsi l’un des grands défis de notre cohabitation avec l’IA.
Avez-vous déjà ressenti ce mélange troublant de satisfaction et d’inquiétude après avoir délégué à l’IA une tâche que vous auriez pu – et peut-être dû – accomplir vous-même ?
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