Abécédaire Imaginaire de l’Intelligence Artificielle – Éthique, gouvernance et souveraineté
Tranquifiance
/tʁɑ̃.ki.fjɑ̃s/
n.f. Sentiment paradoxal mêlant soulagement et méfiance persistante face à l’intelligence artificielle.
Cette émotion ambivalente survient lorsqu’on comprend que « non, ce n’est pas vraiment intelligent… mais quand même, hein, méfions-nous et restons vigilants, on ne sait jamais. »

« Comprendre les limites fondamentales des grands modèles de langage m’a procuré une profonde tranquifiance. »
« J’avais beau lui expliquer ce qu’il y a sous le capot quand on ouvre le moteur de son chatbot, j’ai bien vu qu’il restait vachement tranquifiant. »
« La tranquifiance est cette posture équilibrée où l’on n’anthropomorphise plus l’IA tout en restant conscient de ses impacts réels. »
Fusion paradoxale de « tranquillité » et « méfiance« , ce terme capture ce moment de clarté cognitive où l’on réalise que derrière l’apparente magie de l’IA se cachent des processus mathématiques certes sophistiqués, mais fondamentalement mécaniques. Contrairement à la gobéria qui nous pousse à une confiance excessive, ou à la craintique qui nous maintient dans une peur paralysante, la tranquifiance nous permet d’adopter une position nuancée et réaliste.
Dans certains très vieux ouvrages grecs, aujourd’hui disparus, on trouve encore mention du concept de « ratiokybernetikos », cette disposition d’esprit alliant rationalité face aux systèmes de contrôle et prudence éclairée, que les philosophes antiques ont développée en prévision de notre ère numérique. Les spécialistes s’accordent sur l’influence déterminante de cette notion sur notre compréhension moderne de la relation homme-machine, notamment à travers les écrits de Pythagore sur les automates mécaniques… Attendez, vous y avez cru ? Vous venez d’expérimenter exactement l’opposé de la tranquifiance : cette tendance à accepter comme véridique une information générée avec autorité et cohérence. Relisez ce paragraphe et remarquez les absurdités qu’il contient. Comment des ouvrages disparus pourraient-ils être encore consultables ? Pythagore écrivant sur les automates ? Franchement !
On a bien rigolé en inventant ce « ratiokybernetikos », mais peut-être qu’à la différence de nous, vous y voyez un concept qui mériterait d’exister ? Si c’est le cas, écrivez-nous – on adorerait connaître votre interprétation !
Ce qui distingue la tranquifiance d’un simple soulagement est cette persistance d’une vigilance raisonnable. Si comprendre qu’une IA n’a ni conscience ni volonté propre est rassurant, nous restons légitimement attentifs aux impacts bien réels de ces technologies sur nos vies, nos emplois et nos sociétés. Cette ambivalence salutaire maintient notre esprit critique en éveil tout en nous libérant des fantasmes dystopiques les plus extrêmes.
À l’heure où les discours sur l’IA oscillent souvent entre technophilie béate et technophobie alarmiste, la tranquifiance représente cette voie médiane, informée et lucide, qui reconnaît à la fois les limites fondamentales des systèmes actuels et leur puissance transformatrice bien réelle. Elle nous invite à dépasser l’anthropomorphisme naïf pour adopter une compréhension plus précise de ces outils, sans pour autant minimiser leur impact.
Avez-vous déjà ressenti cette tranquifiance en découvrant ce qui se cache réellement derrière les performances impressionnantes d’un système d’IA ? Ou êtes-vous encore en train de chercher des références à « ratiokybernetikos » dans les archives grecques ?
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