Crozon, le 17 décembre 2024
Bye Bye 2024 : une petite pause avant de rebondir

Tout va toujours plus vite !
2024 se termine et ce sont à nouveau autant de paradigmes tombés, les uns après les autres. Nous avons fait tomber de nouvelles limites planétaires et jour après jour nous avons appris qu’ici et là sur notre petite planète des conflits nouveaux, larvés, parfois subits, se sont multipliés. Autant de raisons d’angoisser qui, en ce qui me concerne, ne font que renforcer une pratique en laquelle je crois : prendre le temps de se poser. Alors voici le haut du panier de tous les moments, lectures et découvertes qui ont jalonné mon année 2024. Ils méritent, je crois, d’être partagés.
Année après année, le fil d’ariane qui me conduit reste présent, mouvant, indémêlable et pour autant toujours le même : apprendre, découvrir, réfléchir, transmettre.
CULTURE & ARTS – Dans ce monde qui s’emballe, l’art reste une source inépuisable d’émerveillement et de sens. Cette année encore, j’ai eu la chance de faire de belles découvertes, tantôt surprenantes, tantôt émouvantes.
- La découverte d’Artvee, une bibliothèque d’art libre de droits qui démocratise l’accès aux chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art.
- Un de mes plus grands regrets artistiques cette année : avoir manqué Möbius Morphosis au Panthéon ! Les vidéos promotionnelles m’ont totalement transportée : 100 acrobates, danseurs et chanteurs réunis dans ce lieu mythique, se mouvant comme une nuée d’oiseaux sur la musique de Jean-Benoît Dunckel. Cette alliance entre la Compagnie XY, le Ballet de l’Opéra de Lyon et la Maîtrise de Radio France promettait un moment d’une rare puissance. Les images de ces corps en mouvement, créant ensemble une chorégraphie organique et fluide, m’ont fait rêver à ce que peuvent accomplir les humains quand ils se synchronisent parfaitement.
- La découverte fascinante de la ‘Tour de Livres Infinie’ de Prague : une installation artistique de 8000 livres créant une illusion d’optique vertigineuse au cœur de la bibliothèque municipale. L’œuvre ‘Idiom’ de Matej Kren transforme des livres sauvés de l’oubli en un tunnel sans fin qui nous invite à méditer sur l’infini du savoir. Une merveille accessible gratuitement qui me donne envie d’aller la contempler de mes propres yeux !
- J’aurais tellement aimé……une des rarissimes trompettes créées par Adolphe Sax pour Aïda était mise aux enchères cette année ! Imaginez un peu : Verdi, obsédé par l’authenticité, cherchant désespérément à reproduire le ‘son d’âne’ des trompettes de l’Égypte antique… Et Sax, ce génie, qui s’enferme trois mois dans son atelier, crée 60 prototypes, pour finalement dévoiler son chef-d’œuvre le soir de la première, créant un moment de stupéfaction totale dans la salle… Cette 13ème trompette connue au monde s’est envolée pour 3 750 euros. Une histoire qui me fait rêver et qui me rappelle que certains objets portent en eux toute la magie de la création artistique !
- Une belle découverte poétique qui m’a pas mal remuée en 2024 : les mots d’Hind Jouda, poétesse de Gaza. Son poème ‘Je veux faire un gâteau’ m’a touchée par sa force évocatrice et sa terrible actualité. Dans un monde déchiré par les conflits, sa voix porte une humanité saisissante :Je veux faire un gâteau et pas de sucre dans la ville / Aucun sourire ne tombe sur les visages qui passent / Aucun balcon ne donne sur les rêves / Les fenêtres n’ont pas repris leur place depuis les dernières guerres / Je veux cuire une miche de pain et pas de blé dans les champs / Juste un épouvantail décati / Qui terrorise les paysans mais pas les corbeaux / Je veux cuire une lune / Et pas de four assez grand pour sa rondeur / Aussi j’ai décidé de dévorer cru mon cœur / Car il n’y a pas de feu dans la ville
RÉFLEXIONS & PENSÉE – Au-delà des œuvres, ce sont aussi les idées qui nous font grandir. 2024 m’a offert son lot de lectures stimulantes et de rencontres intellectuelles qui ont nourri ma pratique.
- La force des analyses de Philippe Silberzahn, sur la transformation des organisations : un éclairage précieux sur l’importance de conjuguer éthique de conviction et éthique de responsabilité dans nos prises de décision, comme dans son article percutant sur Davos où il démontre les limites d’un idéalisme déconnecté des réalités du terrain.
- Une lecture marquante : cet article d’Absolument Tout sur ‘ce qui échappe aux mots’. Comment les Grecs anciens percevaient-ils les couleurs différemment de nous ? Comment la musique se joue au-delà des notes, dans les regards entre musiciens ? Une exploration sensible des limites du langage qui résonne profondément avec ma pratique, où je constate chaque jour que la communication va bien au-delà des mots.
- Une découverte précieuse : la ‘Bibliothèque de la Conscience’, devenue depuis l’un de mes incontournables ! Cet espace numérique fascinant rassemble des perspectives éclairantes sur l’évolution de la conscience humaine et collective. J’y retourne régulièrement pour nourrir ma pratique et enrichir l’accompagnement de mes clients.
- Un petit bijou redécouvert cette année : une conférence délicieusement absurde de John Cleese sur… les avantages de l’extrémisme ! Avec son humour britannique inimitable, il démontre comment l’extrémisme nous ‘offre le luxe d’avoir des ennemis’ et donc de projeter tout le mal sur eux et tout le bien sur nous. En deux minutes hilarantes, il démonte les mécanismes de la pensée extrémiste mieux que ne le feraient des heures de débats sérieux.
- Une interview percutante : celle de Thomas Sammut, préparateur mental des champions olympiques. Sa vision bouscule nos certitudes sur la compétition : exit la course aux médailles et la guerre des egos, place à la quête d’excellence personnelle ! ‘On n’apprend rien à se battre contre les autres’, affirme-t-il, ‘ça crée de la distance entre les hommes’. Une approche radicale qui dépoussière nos vieux réflexes de performance à tout prix.
ENVIRONNEMENT & SOCIÉTÉ – L’urgence environnementale et les transformations sociétales s’imposent comme les défis majeurs de notre époque. J’ai été particulièrement attentive aux voix qui proposent des solutions concrètes et aux initiatives porteuses d’espoir.
- L’interview éclairante de Luc Bodineau (ADEME) sur l’hydrogène m’a particulièrement marquée : ‘L’hydrogène bas carbone n’a d’intérêt que si l’on fournit des efforts de sobriété’. Une vérité qui résonne avec ma conviction que la transformation ne peut se faire sans remise en question de nos modes de consommation. L’exemple des électro-carburants est saisissant : sans réduction de 30% de nos déplacements, il faudrait l’équivalent de 13 centrales nucléaires pour décarboner l’aviation et le maritime !
- Les campagnes du WWF m’ont fortement impressionnée cette année par leur créativité visuelle au service de l’urgence climatique. ‘Climate Realism’ notamment transforme des œuvres d’art iconiques – comme les Nymphéas de Monet asséchés ou la Montagne Sainte-Victoire de Cézanne ravagée par les incendies – pour nous faire ressentir viscéralement ce qui nous attend. Dans un autre registre tout aussi saisissant, leur collaboration avec le studio Nomint utilise la caméra thermique pour ‘peindre avec la chaleur’ en stop-motion, créant des images d’une beauté glaçante sur le réchauffement climatique. Deux approches artistiques différentes qui réussissent, mieux que mille rapports, à nous faire prendre conscience de l’urgence d’agir. »
- Une lecture qui a pas mal renforcée quelques unes de mes convictions : cette réflexion sur la ‘décroissance’, en écho au manifeste ‘Economy for the Common Good’. Et si la croissance économique perpétuelle n’était ni soutenable ni souhaitable ? Une question qui m’interpelle particulièrement dans mon accompagnement des organisations : comment concilier performance et durabilité ? Comment transformer nos modèles économiques pour qu’ils servent véritablement le bien commun ?
NUMÉRIQUE & TRANSFORMATION – Cette année a confirmé l’omniprésence du numérique dans nos vies. Entre fascination et vigilance, j’ai suivi avec attention les initiatives qui tentent d’orienter cette révolution vers plus d’éthique et d’humanité.
- 2024 restera pour moi (et certainement pour beaucoup) l’année de ma rencontre réfléchie avec l’IA. Une plongée volontaire et méthodique qui m’a autant impressionnée qu’interrogée. La naissance de Claude, en particulier, m’a rassurée par son approche éthique : sa transparence sur ses limites, son refus de prétendre être humain, ses garde-fous contre la désinformation, et surtout sa volonté de rester un outil au service de l’humain plutôt qu’un substitut.
- Une initiative qui me parle particulièrement : le référentiel AFNOR pour une IA frugale. Dans cette année marquée par l’explosion des usages de l’intelligence artificielle, enfin un cadre concret pour mesurer et réduire son impact environnemental ! J’apprécie particulièrement leur approche qui questionne d’abord la nécessité même de recourir à l’IA, avant de proposer des bonnes pratiques pour la rendre plus sobre.
- Une autre initiative bienvenue dans le domaine de l’IA fut celle du projet AI Label qui propose des étiquettes pour identifier clairement le contenu créé par intelligence artificielle. Dans un monde où la frontière entre production humaine et artificielle devient de plus en plus floue, j’apprécie cette démarche de transparence qui nous aide à développer un regard plus critique et éclairé.
- Une prise de position qui m’a parlé fut celle du Conseil National du Numérique sur l’autonomie numérique. Face aux dérives des réseaux sociaux dominants, ils proposent une voie européenne ambitieuse : développer des alternatives open source, miser sur l’interopérabilité, et surtout replacer l’humain au cœur du numérique. J’apprécie particulièrement leur vision d’un internet plus démocratique et éthique, fondé sur la proximité et le renforcement des liens sociaux plutôt que sur la captation de l’attention.
APPRENDRE & TRANSMETTRE – (le coeur de mon réacteur)
- Une initiative qui m’a particulièrement séduite en 2024, au point d’y contribuer : le projet Cogito. Face à la multiplication des fake news et des manipulations en tous genres, ils développent un parcours et une certification d’esprit critique accessibles à tous. L’ambition est belle : faire de la pensée critique une compétence universelle, reconnue et valorisée, du lycée à l’entreprise. J’aime leur approche à la fois rigoureuse et sympathique, leur volonté de rendre ces outils accessibles à tous, et surtout leur objectif, emprunté à Nietzsche : ‘nuire à la bêtise’. Un projet qui fait écho à ma conviction que l’intelligence collective se construit sur notre capacité à penser par nous-mêmes. »
Voilà donc quelques-unes des pépites qui ont jalonné mon année 2024. Mais cette rétrospective serait incomplète si je ne mentionnais pas ces voix précieuses qui, au fil des mois, ont nourri ma réflexion.
Ces personnalités de mon réseau dont je guette les publications avec impatience, dont j’apprécie la finesse d’analyse, la pertinence des prises de position, et la générosité dans le partage de leur pensée. Merci à Benoit Raphael, Pierre Yves Gomez , Thibault Carrier , Cyril Bruyelle , Alexe Martel, Marc Bernard, Alain Ducass, Philippe Silberzahn, Anthropic sans oublier les précieuses alertes de C’est vrai ça ? ….
2024 fut donc une année riche en apprentissages…. comme toujours. Dans un monde qui accélère sans cesse, ces moments de pause et de réflexion sont plus que jamais nécessaires. Ils nous rappellent que la transformation ne peut être que collective, et qu’elle se nourrit autant de nos questionnements que de nos certitudes.


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