Ciseler le dialogue pour façonner demain

Crozon, le 21 mai 2025

Garder trace de ce qui semblait passé.

Quand mes clients me consultent pour que je mette leur histoire en mots, ils sont souvent gênés.

D’abord, ils baissent un peu les yeux. Et ensuite ils me disent :

« Vous savez, ma vie est assez simple. Je ne suis pas sûr qu’il y ait grand-chose à raconter. »

C’est souvent à ce moment-là que je pense à un livre de Salman Rushdie, Le Couteau, que j’ai lu à sa sortie, en 2024. Dans ce livre, page 47 de l’édition originale, il est écrit :

« 𝐽’𝑎𝑖 𝑡𝑜𝑢𝑗𝑜𝑢𝑟𝑠 𝑣𝑜𝑢𝑙𝑢 𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑟𝑒 𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑒 𝑏𝑜𝑛ℎ𝑒𝑢𝑟, 𝑒𝑛 𝑔𝑟𝑎𝑛𝑑𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑐’𝑒𝑠𝑡 𝑒𝑥𝑡𝑟𝑒̂𝑚𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑖𝑓𝑓𝑖𝑐𝑖𝑙𝑒.
𝐿’𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑣𝑎𝑖𝑛 𝑓𝑟𝑎𝑛𝑐̧𝑎𝑖𝑠 𝐻𝑒𝑛𝑟𝑦 𝑑𝑒 𝑀𝑜𝑛𝑡ℎ𝑒𝑟𝑙𝑎𝑛𝑡 𝑒𝑠𝑡 𝑙’𝑎𝑢𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑑𝑒 𝑐𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑓𝑜𝑟𝑚𝑢𝑙𝑒 𝑐𝑒́𝑙𝑒̀𝑏𝑟𝑒 :
« 𝐿𝑒 𝑏𝑜𝑛ℎ𝑒𝑢𝑟 𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡 𝑎̀ 𝑙’𝑒𝑛𝑐𝑟𝑒 𝑏𝑙𝑎𝑛𝑐ℎ𝑒 𝑠𝑢𝑟 𝑑𝑒𝑠 𝑝𝑎𝑔𝑒𝑠 𝑏𝑙𝑎𝑛𝑐ℎ𝑒𝑠.”
𝐸𝑛 𝑑’𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒𝑠 𝑡𝑒𝑟𝑚𝑒𝑠, 𝑜𝑛 𝑛𝑒 𝑝𝑒𝑢𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑙𝑒 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑎𝑝𝑝𝑎𝑟𝑎𝑖̂𝑡𝑟𝑒 𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑎 𝑝𝑎𝑔𝑒.
𝐼𝑙 𝑒𝑠𝑡 𝑖𝑛𝑣𝑖𝑠𝑖𝑏𝑙𝑒. 𝐼𝑙 𝑛𝑒 𝑠𝑒 𝑚𝑜𝑛𝑡𝑟𝑒 𝑝𝑎𝑠.
𝐸ℎ 𝑏𝑖𝑒𝑛 𝑒𝑛 𝑣𝑜𝑖𝑙𝑎̀ 𝑢𝑛 𝑑𝑒́𝑓𝑖, 𝑚𝑒 𝑠𝑢𝑖𝑠-𝑗𝑒 𝑑𝑖𝑡, 𝑗’𝑎𝑖𝑚𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑑𝑒́𝑓𝑖𝑠. »

Si Rushdie a traversé de nombreux drames (son livre en porte la trace, puissante), toutes les vies ne sont pas marquées par le fracas.

Et pourtant, même dans le calme, il y a du merveilleux.

Un sourire. Un paysage. Une main posée sur une autre.

Souvent, ce qui dure est discret. Comme le bonheur.

Un petit bout d’éternel, un petit instant de rien du tout qui pourtant laisse une empreinte immense.
*
Mettre cela en mot, oui, est un défi.

Et c’est à tout cela quel je m’attache quand mes clients m’offrent l’immense confiance de me parler de leur vie.

Donner forme à ce qui semblait diffus.

Garder trace de ce qui semblait passé.

Le bonheur, dans son immense simplicité, mérite d’être raconté.

Et parfois, d’être transmis. Éternellement.

Je suis Mado, j’écris la biographie de ceux qui vous sont chers.

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