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Crozon, le 31 juillet 2025

VISION ET DÉCISION : Ce que les grands personnages nous apprennent sur la stratégie

Épisode 4/8 de la Mini-Série « De l’art du Récit à l’Art de Gouverner ».

L’été, c’est le moment parfait pour mêler plaisir et réflexion ! Dans cette mini-série de 8 épisodes je marie littérature et gouvernance d’entreprise.

À lire tranquillement, les pieds dans l’eau, un punch à la main.

Objectif : faire pétiller vos idées avant la rentrée !

Quelle différence entre un rêveur et un stratège ? La capacité à traduire la vision en décisions concrètes. De César à Gatsby, les grands récits nous rappellent que la stratégie n’est pas une déclaration d’intention, mais une histoire qui se joue au quotidien.

Après avoir exploré comment la littérature façonne notre vision du leadership puis notre rapport au conflit, je vous propose aujourd’hui d’examiner ce qu’elle nous dit de la relation complexe entre vision et décision. Comment une vision se maintient-elle à travers le temps ? Comment s’incarne-t-elle dans les décisions quotidiennes ?

En 1998, Henry Mintzberg publie « Strategy Safari », un ouvrage qui transforme notre compréhension de la stratégie d’entreprise. Co-écrit avec Bruce Ahlstrand et Joseph Lampel, ce livre devient référence pour sa capacité à synthétiser dix écoles de pensée stratégique différentes, tout en proposant une vision plus organique et narrative de la stratégie.

« La stratégie est un récit qui se déroule dans le temps », nous dit Mintzberg. « Le vrai défi n’est pas de l’écrire, mais de le faire vivre à travers les décisions quotidiennes. » Cette approche narrative de la stratégie bouleverse la vision traditionnelle de la planification stratégique.

Ainsi que je l’avais fait pour les précédents épisodes de notre mini-série, j’ai identifié vingt personnages dont les parcours illustrent cette tension entre vision et décision. De l’Antiquité à nos jours, leurs histoires nous montrent comment une vision peut transformer la réalité… ou se briser sur elle.

VISION ET POUVOIR

  • César (La Guerre des Gaules) – Vision impériale et décisions tactiques
  • Sun Tzu (L’Art de la Guerre) – Stratégie et adaptation
  • Agamemnon (L’Iliade) – Vision compromise par l’orgueil
  • Périclès (La Guerre du Péloponnèse) – Vision politique et décisions stratégiques

VISION ET AMBITION

  • Macbeth (Shakespeare) – Vision corrompue par l’ambition
  • Richard III (Shakespeare) – Stratégie et manipulation
  • Le Prince (Machiavel) – Vision politique et décisions pragmatiques
  • Figaro (Beaumarchais) – Stratégie d’ascension sociale

VISION ET ENTREPRISE

  • Vautrin (Balzac) – Vision sociale et manipulation
  • César Birotteau (Balzac) – Vision entrepreneuriale et faillite
  • Jean-Baptiste Grenouille (Le Parfum) – Vision obsessionnelle
  • Saccard (L’Argent, Zola) – Spéculation et vision financière

VISION ET IDÉOLOGIE

  • Gatsby (Fitzgerald) – Vision du rêve américain et décisions aveugles
  • Robert Jordan (Pour qui sonne le glas) – Vision idéologique vs réalité terrain
  • Howard Roark (La Source vive) – Vision architecturale inflexible
  • Big Brother (1984) – Vision totalitaire et contrôle systémique

VISION ET HÉRITAGE

  • Don Corleone (Le Parrain) – Vision dynastique et décisions stratégiques
  • Paul Atréides (Dune) – Vision prophétique et décisions politiques
  • Hari Seldon (Fondation) – Vision millénaire et psychohistoire
  • John Galt (La Grève) – Vision philosophique et décisions économiques

Ces héros nous montrent d’abord que la vision sans décision n’est que rêverie. Regardez Gatsby : sa vision du rêve américain, aussi éblouissante soit-elle, s’effondre faute de décisions alignées avec la réalité. À l’inverse, César illustre comment une vision claire guide et donne sens à chaque décision tactique, même dans le feu de l’action.

Mais ils nous révèlent aussi les pièges d’une vision trop rigide. L’inflexibilité d’Howard Roark, l’obsession de Jean-Baptiste Grenouille, l’aveuglement de Macbeth : autant d’exemples où la vision, devenue dogme, empêche les ajustements nécessaires. Sun Tzu, lui, nous montre qu’une grande vision doit savoir s’adapter aux circonstances sans se perdre.

L’histoire de César Birotteau est particulièrement éclairante. Sa vision entrepreneuriale est juste, mais ses décisions quotidiennes, guidées par la vanité plutôt que par sa vision initiale, le mènent à la faillite. Nombre d’entreprises échouent non par manque de vision, mais parce que leurs décisions quotidiennes en trahissent l’esprit. À l’image de César Birotteau, elles sacrifient leur vision sur l’autel de décisions précipitées ou mal alignées. À l’opposé, Don Corleone maintient une cohérence parfaite entre sa vision dynastique et chacune de ses décisions, aussi difficiles soient-elles.

Cette galerie de personnages vient confirmer ce que j’observe dans les entreprises que j’accompagne. La vision n’est pas un exercice ponctuel de planification stratégique, c’est un récit vivant qui doit inspirer chaque décision. Quand ce lien se distend, quand les décisions quotidiennes ne sont plus alignées avec la vision, l’organisation perd son sens et son énergie. La vision n’est pas un dogme, c’est une boussole. Elle ne sert à rien si elle ne peut guider des décisions en terrain mouvant.

Certains dirigeants, comme Saccard dans L’Argent, confondent vision et prophétie. Ils croient pouvoir tout prévoir, tout planifier. D’autres, à l’image de Figaro, excellent dans les décisions tactiques mais peinent à les inscrire dans une vision plus large. Les plus efficaces ressemblent plutôt à Périclès : une vision claire qui sert de guide permanent, combinée à une capacité d’adaptation dans les décisions quotidiennes.

La littérature nous rappelle aussi que la vision n’est pas qu’une affaire de stratégie, c’est une question de récit. Paul Atréides ne se contente pas de voir l’avenir, il donne du sens à chaque décision à travers une histoire plus grande que lui. Hari Seldon va encore plus loin : sa vision millénaire ne vaut que par sa capacité à inspirer les décisions de générations entières.

Que l’on aime ou pas les héros de papier, il est important de se rappeler l’enseignement de Mintzberg: la stratégie est bien un récit qui se déroule dans le temps. Mais ce que nos héros nous apprennent, c’est que ce récit n’est pas écrit d’avance. Il se construit décision après décision, dans un dialogue constant entre la vision qui inspire et la réalité qui résiste.

Le vrai défi du dirigeant n’est pas d’avoir une vision parfaite, ni même de prendre les bonnes décisions. C’est de maintenir vivant le fil narratif qui relie les deux. De garder le cap sans devenir rigide, d’adapter ses décisions sans perdre sa vision. C’est peut-être là que réside l’art véritable de la gouvernance.

D’ailleurs, en parlant d’art… Savez-vous ce que ces mêmes héros nous apprennent sur la créativité en entreprise ? Je vous donne rendez-vous dans le prochain épisode, où nous explorerons comment la littérature éclaire cet autre aspect crucial du leadership.

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Je suis facilitatrice et médiatrice, mais aussi enseignante et écrivain public. J’aide les personnes et les entrepreneurs à renforcer leur habilité relationnelle et à gagner en impact.

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