Abécédaire Imaginaire de l’Intelligence Artificielle – Cognition et Esprit Critique
Affibialance
/a.fi.bja.lɑ̃s/
n.f. État d’incertitude cognitive face à une information générée par l’intelligence artificielle, caractérisé par une ambivalence constante entre confiance et doute quant à sa fiabilité réelle, malgré sa cohérence apparente.
Avez-vous déjà ressenti ce trouble particulier lorsqu’une IA vous livre une information qui semble parfaitement plausible, mais que vous ne pouvez pas immédiatement vérifier ? Cette affibialance est devenue le nouveau compagnon de notre vie numérique, ce balancement perpétuel entre « ça a l’air fiable » et « mais est-ce que ça l’est vraiment ? ».

« Face à cette biographie générée par IA, j’ai éprouvé une intense affibialance, incapable de déterminer si ces détails étaient authentiques ou habilement fabriqués. »
« L’affibialance est devenue l’état mental par défaut des chercheurs confrontés quotidiennement à des contenus dont l’origine est indéterminable. »
« Les médias sociaux amplifient notre affibialance collective, en mélangeant contenus humains et générés dans un flux indifférencié. »
L’histoire linguistique de ce terme est fascinante et reflète parfaitement l’accélération de notre époque. Né de la fusion de « fiabilité » et « ambivalence » (avec « IA » subtilement intégrée), le mot était initialement « fiabialence ». Il a rapidement évolué en « fibialence » par syncope – cette disparition de la voyelle « a » illustrant notre tendance contemporaine à comprimer le langage. Puis, par un phénomène d’aphérèse inversée, il est devenu « afibialence » avec l’ajout de ce « a » prosthétique si caractéristique du français (comme dans « abri » venu de « bri »). Enfin, le redoublement du « f » dans « affibialance » s’est imposé par assimilation consonantique, renforçant sa prononciation et sa mémorisation. Cette évolution linguistique, qui aurait normalement nécessité plusieurs générations, s’est produite en quelques mois à peine – preuve que même nos mots subissent désormais l’accélération algorithmique de nos vies !
L’affibialance, c’est cette sensation bizarre qu’on a tous ressentie : l’information semble logique, bien présentée, convaincante… mais quelque chose nous chiffonne sans qu’on puisse mettre le doigt dessus. Notre cerveau balance alors entre « ça doit être vrai » et « attends, vérifions quand même ». Ce n’est pas de la méfiance totale, ni de la confiance aveugle, mais un entre-deux inconfortable qui devient notre nouvel état normal face aux contenus générés.
Ce qui rend l’affibialance si particulière, c’est que les IA sont devenues très douées pour créer des contenus qui semblent vrais. Contrairement aux fake news classiques, souvent repérables à leurs exagérations ou leurs fautes, les textes générés par IA sont lisses, cohérents, et parfaitement crédibles. Notre détecteur de mensonges interne se retrouve complètement déboussolé, comme une boussole près d’un aimant.
Ce phénomène cognitif s’intensifie à mesure que les modèles d’IA deviennent plus sophistiqués, créant un paradoxe troublant : plus l’IA devient performante, plus notre affibialance s’accentue. Ni totalement crédules comme le suggérerait la gobéria, ni systématiquement méfiants comme l’impliquerait une craintique excessive, nous naviguons dans un entre-deux inconfortable, pesant constamment le pour et le contre de chaque information reçue.
Comment cultivez-vous votre discernement dans ce monde d’affibialance constante ? Avez-vous développé des stratégies personnelles pour naviguer entre confiance et méfiance face aux contenus générés par IA ?
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