Abécédaire Imaginaire de l’Intelligence Artificielle – Impacts environnementaux et matériels
Carbiasible
/kaʁ.bja.zi.blə/
adj. (peut également s’employer comme n.m.) Qualifie l’empreinte carbone massive mais souvent méconnue des technologies d’intelligence artificielle, contrastant avec leur apparente immatérialité.
La réalité carbiasible de l’intelligence artificielle nous rappelle que le nuage informatique n’a de nuage que le nom – et qu’il pèse en réalité aussi lourd qu’une montagne de charbon.

« L’impact carbiasible de l’intelligence artificielle est rarement pris en compte dans les analyses coûts-bénéfices des nouvelles technologies. »
« Les centres de données qui hébergent nos assistants virtuels génèrent une pollution carbiasible qui contraste fortement avec leur image de propreté numérique. »
« Mesurer précisément le carbiasible d’un service d’IA reste un défi technique, tant les chaînes d’approvisionnement et les infrastructures sont complexes et opaques. »
Fusion ingénieuse de « carbone« , « invisible » avec « IA » subtilement intégrée au cœur du terme, ce néologisme dévoile l’un des paradoxes les plus frappants de l’ère numérique : alors que nous percevons l’intelligence artificielle comme éthérée, virtuelle et immatérielle, elle repose en réalité sur une infrastructure physique colossale et énergivore. Comme un iceberg dont nous ne verrions que la pointe, la dimension carbiasible de l’IA reste immergée, dissimulée aux yeux des utilisateurs qui interagissent uniquement avec son interface épurée.
Ce que le terme « carbiasible » met particulièrement en lumière, c’est cette dissociation cognitive entre notre expérience de l’IA – apparemment propre, légère, instantanée – et sa réalité matérielle faite de serveurs surchauffés, de systèmes de refroidissement énergivores et d’infrastructures électriques massives. Un simple échange avec un assistant virtuel peut mobiliser des ressources computationnelles équivalentes à plusieurs heures de consommation électrique d’un foyer moyen.
D’autres termes comme « carbeberg » (fusion de « carbone » et « iceberg ») ou « polluage » (combinaison de « pollution » et « nuage ») ont été proposés pour décrire ce phénomène, mais « carbiasible » s’est imposé pour sa capacité à capturer simultanément la nature carbonée de cette pollution et son invisibilité aux yeux des utilisateurs, tout en intégrant subtilement une référence à l’IA elle-même.
La dimension carbiasible de l’intelligence artificielle nous rappelle que la dématérialisation n’est qu’une illusion – une forme de déplacement plutôt que de disparition de l’empreinte environnementale. Elle nous invite à une prise de conscience essentielle à l’heure où le clivström technologique s’accélère : l’innovation numérique ne peut être véritablement durable que si elle reconnaît et adresse frontalement son coût écologique caché.
Avez-vous déjà considéré l’empreinte carbiasible des services d’IA que vous utilisez quotidiennement, ou préférez-vous maintenir cette pollution confortable hors de votre champ de vision ?
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