Abécédaire Imaginaire de l’Intelligence Artificielle – Éthique, gouvernance et souveraineté
Moralouche
/mɔ.ʁa.luʃ/
adj. et n. Zone d’incertitude morale dans laquelle nous plonge l’utilisation de l’intelligence artificielle, où les repères éthiques traditionnels deviennent flous et insuffisants face à des situations inédites.

« Le comité d’éthique a identifié plusieurs aspects moralouches dans le déploiement de ces chatbots thérapeutiques. »
« Franchement, ces Starter Packs, c’était drôle et innovant au début, mais à force, quand même, c’est moralouche et carbiasible, non ? »
« Cette nouvelle fonctionnalité de reconnaissance émotionnelle me semble profondément moralouche, même si elle est présentée comme un simple divertissement. »
« Le moralouche de la situation m’empêche de trancher – je condamne la méthode tout en utilisant quotidiennement le service. »
« Naviguer dans le moralouche est devenu une compétence essentielle à l’ère numérique. »
« C’est complètement moralouche, ton truc là… mais envoie quand même le lien ! »
« On est en plein moralouche avec cette app, mais avoue que c’est pratique. »
Fusion expressive de « morale » et « louche » (trouble, suspect), ce terme capture avec une dissonance délibérée – un mot à la sonorité presque amusante pour un concept profondément sérieux – notre malaise éthique face aux possibilités inédites offertes par l’intelligence artificielle.
Le moralouche se manifeste dans cette tension constante entre notre fascination pour les capacités de l’IA et notre inquiétude quant à ses implications. Il opère simultanément à l’échelle individuelle (mon utilisation personnelle est-elle éthique ?) et collective (quelles sont les conséquences sociétales ?), créant une responsabilité paradoxalement diluée et omniprésente. Cette ambivalence se retrouve dans l’usage même du terme, qui fonctionne aussi bien dans un contexte académique rigoureux que dans une conversation désinvolte entre amis.
Ce qui rend le moralouche particulièrement déstabilisant est cette familiarité trompeuse des situations qu’il désigne : nous croyons reconnaître des dilemmes éthiques classiques, mais ils sont fondamentalement transformés par la nature de l’IA. Ainsi, des questions auparavant réservées aux philosophes deviennent des dilemmes quotidiens pour chaque utilisateur, tandis que la frontière entre légalité et moralité s’estompe dans un flou où la législation peine à suivre l’innovation.
Ressentez-vous parfois ce tiraillement moralouche entre votre condamnation théorique de certains aspects de l’IA et votre utilisation pratique de ces mêmes technologies au quotidien ?
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